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Invention parisienne, les passages couverts ont connu leur âge d’or dans la capitale entre la fin du 18ème siècle et sa transformation radicale au milieu du 19ème siècle.
C’est en effet à Paris, puis dans une moindre mesure à Londres, que se définit et se développe ce mode d’organisation de l’espace urbain. Il sera appelé à connaître un formidable essor tout au long du 19ème siècle en France et en Europe. Deux cent cinquante passages couverts y seront ainsi construits entre 1786 et 1914.
A Paris, leur construction se concentre essentiellement sur deux périodes : une première de 1823 à 1828, puis une seconde de 1839 à 1847.
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Contexte historique
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Les premiers passages couverts de Paris, notamment les galeries de bois du Palais Royal, furent édifiés à l’initiative du duc d’Orléans. La suppression des privilèges féodaux, le 4 août 1789, et la vente des Biens du clergé, le 2 novembre, provoquent un mouvement d’opérations immobilières sur les hôtels particuliers et les couvents, favorisant ainsi la construction des passages couverts.
En effet, leur édification a lieu dans un contexte de spéculation foncière et d’essor de la construction avec l’intervention des premiers capitalistes et hommes d’affaires privés qui modifie considérablement l’urbanisme parisien.
D’autre part, la période correspond au développement et à l’affirmation de la bourgeoisie commerçante parisienne.
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Modèle architectural
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Le 19ème siècle est une période de recherche d’un style architectural nouveau avec la naissance de programmes et de lieux comme les panoramas, les gares, les musées ou les passages. On peut toutefois trouver une influence architecturale aux passages couverts dans la conception des marchés couverts et tout particulièrement des souks orientaux.
Les passages parisiens se distinguent par l’éclectisme de leur décor qui s’inspire aussi bien du néo-classicisme, du décor renaissant, pompéien ou encore Art-déco.
Le modèle est profondément novateur tant par sa forme architecturale que par le rôle social qu’il remplit alors.
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Fonction urbanistique et sociale
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La forme du passage a la particularité de concentrer plusieurs fonctions :
- Raccourci couvert, à l’abri de la pluie grâce à sa verrière, il permet de ménager des espaces de promenades à l’écart des rues inégalement pavées, sans trottoirs ni égouts.
- Il devient aussi le lieu de promenade de la société bourgeoise qui s’y met en scène.
- Il est également et avant tout un espace marchand lié à de nouveaux modes de consommation, de cheminements dans la ville et de loisirs (salles de spectacle, cafés, restaurants…).
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Un patrimoine à redécouvrir
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Beaucoup de passages ont été détruits par la politique de grands travaux d’Haussmann. Malheureusement, aujourd’hui, de la soixantaine de passages couverts créés, il n’en reste qu’une quinzaine regroupés sur la rive droite et encore affectés à leur fonction première. Depuis quelques années, une prise de conscience de la part des pouvoirs publics a permis d’entreprendre une politique de sauvegarde et de valorisation de ce patrimoine.
En 2004, la Mairie de Paris, constatant la dégradation de certains passages ou la disparition des commerces et des habitats qui représentaient leurs fonctions initiales a lancé un programme d’aide aux propriétaires. Il consiste en une aide financière permettant de préserver ce patrimoine dans les règles de l’art afin que les passages demeurent des lieux d’habitation et de commerces spécialisés (galeries d’art, boutiques de jouets anciens, de livres, de cartes postales, d’estampes ou de gravures …).
Les premiers à bénéficier des ces « conventions » sont les passages du Ponceau, Brady et Vendôme.
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